Hommage à Ir Luce Engels (1951)

Notre confrère Ir. Raoul Colin (1952) rend hommage à Ir. Luce Engels (1951) qui nous a quittée le 1 novembre 2016

Bien chère famille,

J’ai commencé mes études à Gembloux, fin 1946. Et dans les auditoires où s’entassaient environ 150 étudiants, on pouvait voir au premier rang et en compagnie d' Annie Langer, la toujours souriante Luce Engels.

J’insiste sur le fait qu’elle était très souriante, car des gradins descendaient des élucubrations pas toujours très intellectuelles parsemées de chansons estudiantines, d’inspiration Rabelaisienne. La guerre n’était pas finie depuis longtemps et on craignait sans doute d’étouffer notre liberté fraîchement retrouvée. Certains étudiants comme Jacques Neels arrivaient d’Allemagne où son patriotisme l’avait amené comme volontaire dans l’Armée belge. D’autres, Luxembourgeois, contraints de servir dans l’armée allemande ramenaient leurs blessures et l’un d’eux, ce qu’il restait de son pied gelé en Russie.

C’était donc une période particulièrement troublée.

Riern n’était épargné à ces deux pauvres filles, mais quel courage elles avaient démontré en s’inscrivant dans une filière, à l’èpoque, plutot réservée aux hommes, alors que ce n’est plus du tout le cas maintenant. En Zoologie le remarquable professeur Mayné prenait un malin plaisir à décrire les mœurs sexuelles des insectes. Mais elles restaient stoïques et assumaient leur choix avec un comportement qui les honoraient. Entre les cours, on ne parlait pas aux filles, idiots que nous étions, ce qui fait , pas très sympa, qu’elles en étaient réduites à s’entretenir entre elles.

Par après, dans les laboratoires, notamment chez le dévoué et adoré professeur de chimie Pierre Henri Martens, aux prénoms prédestinés, ( s’appeler P.H. ne semble pas anodin), une certaine collaboration s’est développée, car rester debout toute un après-midi à contempler des Erlen Meyers incitait à entrecouper les visions scientifiques par des paroles plus aimables que maladroites. Luce, dans ce même laboratoire a vécu un épisode qui a dû la marquer. C’est lorsque son vis-à-vis, fils du Directeur de la fabrique de Fer de Marcinelle, ayant malencontreusement mis le feu à son pantalon a dû se déculoter en public. Comme il était plutot godiche, je crois que certains en rient encore. Et comme Luce avait le rire plutôt facile, elle a certainement connu un moment exceptionnel.

Puis, les études terminées, on s’est pratiquement tous perdus de vue. Ainsi va la vie, dont les vagues nous transportent au loin, parfois même jusqu’au Canada pour Luce, et moi à Genève.

Je voulais rendre un hommage appuyé à cette charmante et gentille jeune fille, dont les cheveux blonds bouclés rayonnaient de soleil. J’ai aussi pensé que ses enfants seraient peut-être heureux de savoir comment leur mère était perçue au moment de ses études. Je veux les assurer de toute ma sympathie.

Pour ne pas être trop long en Français, juste quelques vers pour lui rappeler qu’une partie de sa vie s’est écoulée sous d’autres sonorités :

Life is a path, along which grow flowers and fun

For those who are able to recognize beauty

Even if you do know bad days, good ones will run

Provided, you don’t take thinks too seriously

All of you, you will recall the good old time

The good days, which were yours and which were mine

So for all of us, it will allways be a great thing

Happy to handle each end as a begining

Comme quoi, Gembloux mène à tout, mais cela Luce le savait

Avec toute ma sympathie dans ce moment difficile,

Ir. Raoul Colin